Origines, parcours scolaire et professionnel

Antoine François Prévost est le fils d’un avocat au parlement. Il suit des études au collège d’Hesdin dans le département du Pas-de-Calais actuel. Il ne tarde pas à se faire remarquer par ses capacités intellectuelles par les jésuites qui l’incitent à s’inscrire au collège d’Harcourt à Paris. 

Cependant, il est sanctionné pour avoir occupé son temps à étudier un ouvrage profane, c’est-à-dire un ouvrage qui ne concernait pas directement la religion. L’abbé Prévost montre ainsi très jeune son ouverture d’esprit à d’autres domaines que la religion. Il montre aussi son caractère potentiellement transgressif également. Il est ainsi congédié en 1714.

Alors qu’il se dirige vers la ville de Rome pour rencontrer le pape en personne pour être réintégré, il rencontre sur son chemin un officier militaire qui cherche à l’enrôler. L’abbé Prévost se voit donc divisé entre deux chemins qui s’ouvriraient à lui, deux chemins bien différents, le chemin de Dieu ou bien celui des armes. 

Il fait d’ailleurs le choix de s’engager mais devient très vite déserteur, comme regrettant son choix. Il devient ainsi tenancier de café. C’est en 1716 qu’il reprend l’habit religieux pour entamer un second noviciat chez les jésuites. Il termine ses études par des études philosophiques. Cependant, il doit s’enfuir à nouveau alors qu’il est surpris en train de travailler sur un de ses ouvrages majeurs : Mémoires d’un homme de qualité. 


Allers-retours entre le monde militaire et religieux

Il s’engage à nouveau dans l’armée en 1719. L’abbé Prévost est donc un « personnage » assez étonnant, quelqu’un qui ne va cesser de faire des allers-retours entre le monde militaire et le monde religieux. Il est ainsi officier dans la campagne de Catalogne pour finalement reprendre les habits religieux en entrant chez les Bénédictions en 1720. Il rédige un ouvrage satirique en 1721 intitulé Aventures de Pomponius, chevalier romain. Cet ouvrage se présente comme un roman à clefs, c’est-à-dire que les personnages ne sont pas clairement nommés mais on peut plus ou moins aisément deviner de qui il s’agit. C’est une astuce qu’utilisent parfois les écrivains pour éviter la censure. Cet ouvrage se présente comme une satire contre les Jésuites. L’abbé Prévost démontre ainsi tout l’esprit critique dont il est capable de faire preuve envers le monde religieux dont il est issu, dans lequel il évolue. 

Il est alors envoyé en 1722 pour trois ans de théologie.  Il est ensuite ordonné prêtre et enseigne ce que l’on appelait alors « les humanités » au collège Saint-Germer. 


Vie d’aventurier

L’abbé Prévost part ensuite vivre à Amsterdam. Il vit une intense histoire d’amour avec une femme surnommée Lenki. Il continue à travailler sur les Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui compte plusieurs tomes. 

En 1733, il se voit contraint de revenir en Angleterre en raison de sa situation financière désastreuse. Il fonde un journal dont le but est de proposer une réflexion sur la culture anglaise. Sa situation financière très difficile le pousse à un émettre ce que l’on appellerait aujourd’hui un chèque sans provisions qui le conduit en prison et il revient alors en France en 1734. 

Il fait alors son retour auprès des bénédictins qui l’accueillent en lui pardonnant ainsi toutes les erreurs, ses errements du passé. Il en profit pour publier les trois derniers tomes du Philosophe anglais. 


Les dernières années de la vie de l’abbé Prévost

L’abbé Prévost passe les dernières années de sa vie dans le dénuement sinon dans la misère. L'abbé Prévost a passé ses dernières années à Paris, rue Saint-Séverin, ainsi qu'à Saint-Firmin, près de Chantilly, où il avait récemment acheté une maison isolée. Une légende persistante raconte qu'il aurait été victime d'une crise d'apoplexie en revenant d'une visite aux bénédictins de Saint-Nicolas-d'Acy. Transporté au presbytère, il aurait été autopsié alors qu'il était encore en vie. Toutefois, cette histoire a été réfutée par Jean Sgard, qui a prouvé qu'elle avait été inventée en 1782. En réalité, Prévost est décédé d'une rupture d'anévrisme le 25 novembre 1763, et son décès, bien confirmé par une autopsie, est mentionné dans les registres paroissiaux de Courteuil.


Conclusion

L’abbé Prévost se présente donc comme un écrivain dont la vie a été tumultueuse. Il s’est partagé entre une carrière militaire et une carrière religieuse. Il a souvent été considéré comme sulfureux et a dû subir les sanctions de cadre de l’institution religieuse. Il n’en reste pas moins que son influence dans le domaine de la littérature est majeure. 

L'abbé Prévost a laissé une empreinte très forte sur la littérature française et européenne. Son œuvre la plus célèbre, Manon Lescaut, est devenue un modèle du roman d’amour tragique, influençant des écrivains comme Balzac, Flaubert et Proust. Ses récits, alliant passion, drame et critique sociale, ont marqué l’évolution du genre romanesque, notamment par leur exploration des dilemmes moraux et des contradictions humaines. Prévost a également contribué à la popularisation du roman moderne, préfigurant le réalisme et la psychologie dans la littérature. Sa plume, à la fois sensible et audacieuse, continue de fasciner les lecteurs et les critiques, consolidant sa place parmi les figures incontournables du patrimoine littéraire.


Les œuvres littéraires principales de l’abbé Prévost

Mémoires d’un homme de qualité

Cet ouvrage est un roman-mémoires rédigé de 1728 à 1731. Cette œuvre contient la célèbre histoire d’amour entre le Chevalier Des Grieux et Manon Lescaut, une histoire d’amour scandaleuse entre un jeune noble et une femme de condition bien plus modeste et dont la moralité est douteuse aux yeux de l’époque. 


Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell

Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell, plus souvent appelé Cleveland, est un roman-mémoires écrit par l'abbé Prévost. L'œuvre est composée de sept volumes, les quatre premiers étant parus en 1731, tandis que les trois derniers ont été publiés en 1738 et 1739. Un cinquième volume apocryphe, rédigé par un auteur inconnu, est également sorti en 1734, sous la houlette de l'éditeur des premiers tomes.

Ce roman relate les aventures improbables de Cleveland, un fils bâtard fictif d'Oliver Cromwell, ainsi que sa romance avec Fanny. Comme beaucoup d'autres écrits de Prévost, Cleveland est longtemps resté dans l'ombre de Manon Lescaut, le seul ouvrage de l'auteur ayant véritablement marqué les esprits, bien que cette tendance semble s'inverser peu à peu.



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