Après avoir défini les deux concepts, nous aborderons leur importance dans notre société. Ensuite, nous examinerons la morale selon le contexte social et religieux, quant à l’éthique elle sera développée selon ses différentes approches, telles que le conséquentialisme et la déontologie. Enfin, nous présenterons la complémentarité entre morale et éthique en définissant les points communs et les différences de ces deux concepts.

Définition des concepts de morale et d'éthique

Dans son ouvrage "Le crépuscule des idoles", publié en 1888, Friedrich Nietzsche, philosophe allemand du XIXe siècle définit la morale comme étant « le refuge des faibles, des esclaves des bâtards et de la masse de gens ordinaires ». Il insiste sur sa théorie en disant que « Ceux-là sont dominés par leur peur de la mort, leur esprit de servilité et leur mauvaise conscience ; ils cherchent donc à se protéger contre le monde réel en créant des règles et des normes morales qui les rassurent et leur permettent de se sentir supérieurs aux autres ». Cependant, dans son livre "Ainsi parlait Zarathoustra", il écrit : « La morale est la meilleure des polices, car si l'homme obéit à la loi par peur de la punition, il obéit à la morale par amour de lui-même » (Partie 1, chapitre 11). Cette citation montre que Nietzsche reconnaissait l'importance de la morale pour la société, même s'il était en désaccord avec la morale traditionnelle.
En revanche, Kant dans son ouvrage intitulé "Fondements de la métaphysique des mœurs" publié en 1785, définit la morale comme « ce qui repose sur l'action inconditionnelle guidée par le respect de la loi morale, indépendamment des circonstances ou des conséquences. Cette action ne peut pas se réduire aux sentiments ou aux désirs individuels, mais doit être fondée sur la raison pratique universelle ». Pour Kant, l'éthique joue un rôle fondamental dans la construction d'une société juste et morale. Il croyait que les individus doivent se conformer à des principes éthiques universels, tels que le respect de la dignité humaine et la maxime de l'action morale, pour établir une société juste et harmonieuse. Dans le même ouvrage, il parle de sa formule d’or qui dit : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ». Cette formule montre l'importance de considérer chaque personne comme une fin en soi et non comme un simple moyen pour atteindre un objectif. Ainsi, pour Kant, l'éthique est cruciale pour établir une société juste et morale.
En somme, la morale et l'éthique ont été des préoccupations centrales de la philosophie depuis des siècles. Alors que la morale concerne les normes de comportement qui sont généralement acceptées par une société ou une culture particulière, l'éthique se concentre sur la recherche de principes ou de règles pour guider la conduite humaine, en déterminant ce qui est moralement bon et mauvais. Dans cette optique, des philosophes tels qu'Elizabeth Anscombe et Emmanuel Kant ont élaboré des approches éthiques spécifiques pour comprendre l'éthique et la morale. Ainsi, il est clair que l'étude de l'éthique et de la morale est essentielle pour comprendre notre comportement individuel et collectif des êtres humains au sein de la société.

La morale selon le contexte social et religieux

Dans le contexte religieux, la morale est souvent basée sur des prescriptions, des interdictions et des recommandations dictées par les textes sacrés. Par exemple, dans l'Islam, il est écrit dans "Sahih Al-Bukhari, Livre 1, Hadith 13; Sahih, Livre 1, Hadith 72" que « Nul n'est croyant tant qu'il ne désire pas pour son frère ce qu'il désire pour lui-même ». Cette citation est une des maximes les plus connues de l'Islam et encourage la fraternité et l'empathie entre les croyants. De même, dans le christianisme, la Bible dit dans Lévitique 19:18 « Aime ton prochain comme toi-même ». Cette citation est une des règles les plus connues dans le christianisme et incite à l'amour et la compassion envers les autres. Dans un contexte social, l'auteur britannique Alasdair MacIntyre, qui est un philosophe spécialisé en éthique et en théorie politique présente la morale dans son livre "Après la vertu", « comme ce qui ne peut être compris indépendamment de la tradition culturelle et de l'histoire d'une société ». Selon MacIntyre, la morale est une pratique sociale qui est transmise de génération en génération à travers des traditions culturelles spécifiques. Chaque société possède sa propre tradition morale, qui est influencée par son histoire, sa religion, sa philosophie et sa culture. Par conséquent, la morale est en grande partie déterminée par le contexte social dans lequel elle est pratiquée.

L'éthique selon le conséquentialisme

En revanche, l'éthique est une discipline philosophique qui vise à réfléchir sur les fondements de la morale et à développer des critères de jugement pour évaluer les actions humaines. Les différentes approches éthiques, telles que le conséquentialisme et la déontologie proposent des visions différentes de ce qui est considéré comme normal. Le conséquentialisme, considère que la moralité d'une action doit être évaluée en fonction de ses conséquences. Selon cette approche, une action est considérée comme morale si elle produit le plus grand bien pour le plus grand nombre. Le philosophe utilitariste John Stuart Mill a ainsi déclaré dans son livre "Utilitarianism", publié en 1861 « L'action est bonne si elle tend à promouvoir le bonheur général ».

L'éthique selon l'approche déontologique

Par ailleurs, suivant l'approche déontologique, Kant dans son livre "Critique de la raison pratique" soutient que « l'éthique doit être basée sur des principes universels qui peuvent être appliqués à tous les êtres rationnels, indépendamment de leur contexte social ou culturel ». Selon lui, les principes éthiques universels sont exprimés dans ce qu'il appelle le "categorical imperative" (l'impératif catégorique) qui peut être formulé de différentes manières, mais l'une des formulations les plus célèbres est la suivante : « Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » (Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs). A l’analyse de tous ces courants de pensées, il est facile de se demander si ces deux concepts ne seraient pas liés ?

Complémentarité entre morale et éthique

La morale et l'éthique sont deux concepts étroitement liés, mais ils présentent des différences et des points communs importants.
Si pour le philosophe français Alain « La morale, c'est la science des mœurs, c'est-à-dire l'art de vivre, pour soi et pour les autres, la règle de conduite qui est la meilleure, la plus sûre, la plus haute, la plus sainte » (Alain, Éléments de philosophie, 1926). L'éthique pour Kant est « La science des fins dernières de la raison pratique » (Kant, Critique de la raison pratique, 1788).
Les points communs entre la morale et l'éthique résident dans leur objectif commun : guider les comportements humains de manière positive. Les deux concepts visent à promouvoir des comportements vertueux et à empêcher les comportements nuisibles. De plus, les deux concepts sont basés sur des normes et des valeurs qui ont été développées par des communautés humaines.
Cependant, les différences entre la morale et l'éthique sont également importantes. La morale est souvent considérée comme une norme sociale, tandis que l'éthique est considérée comme une norme intellectuelle. La morale est souvent associée à des comportements prescrits par une culture ou une religion, alors que l'éthique se concentre sur des principes universels qui peuvent être appliqués à toutes les cultures et religions.
Pour certains auteurs, la morale est considérée comme une préoccupation pratique pour les comportements humains, tandis que l'éthique est considérée comme une réflexion théorique sur les normes et les principes qui régissent les comportements humains. Selon l'éthicien américain Lawrence Kohlberg, la morale est la partie visible et observable de l'éthique, tandis que l'éthique est la partie invisible et théorique de la morale.

En conclusion, la morale et l'éthique sont deux concepts fondamentaux dans notre société. La morale est souvent définie par les normes et les valeurs de la société et peut varier selon le contexte social et religieux. Par ailleurs, l'éthique est plus souvent associée à des principes universels qui guident la conduite des individus dans des situations particulières. Les différentes approches de l'éthique telles que le conséquentialisme et la déontologie nous permettent de mieux comprendre les motivations et les obligations des individus dans leur prise de décision. Bien que la morale et l'éthique puissent sembler similaires, ils ont des différences importantes, notamment dans leur portée et leur application. Cependant, ces deux concepts sont complémentaires car ils cherchent tous deux à promouvoir le bien-être des individus et de la société dans son ensemble. En fin de compte, une compréhension claire et solide de la morale et de l'éthique est essentielle pour promouvoir une société équitable, responsable et respectueuse des droits et des valeurs de chacun.