Après la période de silence

Dans les années 1990, l'ouverture des archives, notamment celles de l'armée française, et l'arrivée de nouvelles générations de chercheurs à l'avant-garde de la scène culturelle ont permis d'accroître la connaissance de cette période. Le vote par l'Assemblée nationale de la reconnaissance officielle de la guerre en Algérie en 1999 a marqué une nouvelle étape. En Algérie, l'émergence d'une terrible guerre civile commencée dans les années 1990 s'est accompagnée d'une remise en cause des origines de la violence et du développement de la « première » guerre d'indépendance. De nombreux témoignages algériens ont été publiés à cette époque.

Dans les années 2000, le journalisme d'investigation met en lumière les faits et les pratiques qui relancent le débat sur la guerre d'Algérie.

À l'occasion de la commémoration de l'année de l'Algérie en France en 2003, les relations entre les deux pays s'améliorent sensiblement et la signature d'un traité d'amitié entre les deux pays est envisagée.


Les mémoires de guerre en France

La loi du 23 février 2005, votée par l'Assemblée nationale en France, parle, dans son article 4, des « bienfaits de la colonisation positive ». Les déclarations d'hostilité à cette loi sont en augmentation, principalement de la part du monde des historiens. En janvier 2006, le Président a décidé d'abroger l'article 4 de la loi du 23 février 2005. Cette abrogation n'est qu'un sursis. Le consensus n'est plus en mesure de résoudre la question de la commémoration de la fin de cette guerre. Proposée à l'Assemblée nationale le 28 février 2006, la date du 19 mars, en mémoire du cessez-le-feu après les accords d'Evian en 1962, est rejetée. Les députés refusent cette date, au motif que les combats se poursuivent.


Et de l'autre côté, en Algérie

En Algérie, les déclarations et les prises de position se multiplient, pleines de souvenirs de la guerre d'indépendance. En attendant, la coordination nationale des enfants des moudjahidin publiera une déclaration. Elle conditionne le traité d'amitié avec la France à un certain nombre d'exigences. La demande d'association «pour enregistrer précisément le nombre exact d'Algériens tués depuis 1830, et le nombre de villages brûlés, de tribus décimées et de richesses volées. Autre fait singulier : l'Algérie entend porter devant les tribunaux internationaux le cas des Algériens exécutés par l'armée française pendant la guerre d'Algérie.



Ainsi, les mémoires de la guerre d'Algérie suivent une évolution spécifique dans chaque pays : en France, après deux décennies d'oubli officiel, les mémoires communautaires se réveillent, ce qui pousse l'État à reconnaître les faits. En Algérie, la mémoire officielle construite depuis l'indépendance reste la seule autorisée à sauvegarder l'unité nationale.