I. Les premières étapes de la construction européenne

Les pays européens sont fortement marqués par les deux premiers conflits mondiaux, jusqu'en 1945. Les familles sont décimées, les populations épuisées de ces combats qui tuent et qui ruinent les pays participants. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mentalités évoluent et on entend l'émergence d'appels à une paix durable, à une collaboration politique et économique.

Dès 1951, plusieurs pays européens s'associent pour créer la CECA, communauté européenne du charbon et de l'acier. Les premiers éléments d'association d'États européens concernent des associations économiques en majorité. L'élément politique est plutôt sous-jacent dans les premières années, même s'il est l'une des bases, assumée, de la construction européenne.

Le traité de Rome est l'une des principales étapes fondatrices de la construction européenne, en 1957. Ce traité marque les bases de la coopération économique et politique. Le traité de Rome associe six pays, fondateurs de l'Europe : Allemagne, France, Italie, et Benelux. L'objectif de cette union est en premier lieu économique : elle vise à créer une zone dans laquelle les barrières douanières sont limitées au minimum, en faisant en sorte d'abaisser les frontières en place. Les premiers thèmes abordés sont la politique agricole, la politique sur les énergies et les transports. Les États sont à la recherche de synergies communes et d'économies d'échelle, tout en recherchant une vie économique plus fluide et facilitée, notamment par la suppression des frontières et des barrières douanières.

En 1962, c'est la naissance de la Politique Agricole Commune (PAC) qui instaure la préférence aux produits issus de pays membres de l'Union, ainsi que le soutien des prix agricoles. Cette PAC est un élément crucial de l'Europe, encore soixante ans plus tard.

L'Acte Unique européen voit le jour en 1986, qui facilite la circulation des marchandises et des capitaux, puis les accords de Schengen voient le jour en 1990, permettant la libre circulation des hommes dans l'espace européen.

Petit à petit, les institutions internationales se mettent en place. On observe la création du pouvoir exécutif : Le Conseil européen prend les décisions, et la Commission européenne est en charge de vérifier leur correcte application. Sur le plan législatif, le Parlement européen de Strasbourg joue le rôle de représentation des citoyens européens.

Dès les années 1970, une volonté d'harmoniser les monnaies émane des pays membres. Le Serpent monétaire européen est créé en 1972, et prévoit l'encadrement des monnaies européennes dans des bornes entourant une monnaie considérée comme une référence, l'ECU. Cela servira de base, bien des années après, à la création de l'Euro.

En 1973, l'Europe commence son élargissement à plusieurs pays d'Europe du Nord. Les années 1981 et 1986 sont marquées par l'arrivée de nouvelles démocraties d'Europe du Sud dans l'Europe.

En 1992, le traité de Maastricht en 1992 facilite encore les échanges économiques et ratifie la création d'une monnaie européenne commune, devant entrer en vigueur initialement en 1999. La Banque Centrale Européenne (BCE) est créée en 1998 avec l'objectif d'être entièrement indépendante des États.

II. Les débuts de l'approfondissement et de l'élargissement

L'élargissement de l'Union européenne s'opère en deux vagues principales.

En 1995, on assiste à l'entrée de plusieurs États, souvent des États qui ont été neutres dans la guerre froide, mais n'étaient pas prêts jusqu'alors à intégrer l'Union européenne.

Le traité de Nice est signé en 2001. Il instaure l'élargissement de la construction européenne à dix nouveaux États membres, dès 2004. Cet élargissement est plus rapide et plus simple que les précédents. Les institutions sont désormais en place, les tensions politiques légèrement moindres qu'aux débuts de la construction européenne.

Cet élargissement se poursuit en 2007 et en 2013, avec l'arrivée dans l'Union européen d'anciens pays membres du bloc soviétique durant la guerre froide des années 70-80. En 2007, Roumanie et Bulgarie rejoignent l'Union européenne. La Croatie est le dernier pays à intégrer l'Union européenne, en 2013. L'Union européenne compte alors 28 États membres.

D'autres candidatures sont déposées, rejetées. L'Union européenne semble désormais être au complet et aucune phase d'élargissement supplémentaire n'est réalisée.

Dans le même temps, l'Union européenne continue son approfondissement et cherche (difficilement) une gouvernance commune.

Elle continue également son développement de grands projets communs tels que le projet EURATOM en matière d'énergie, développé conjointement par les membres de l'Union européenne.

III. La remise en question

L'Union européenne fait désormais face à des challenges importants. Elle est de plus en plus remise en question, notamment depuis le début des années 2000.

Si l'intégration des nouveaux États se passe relativement bien, elle fait néanmoins face à des difficultés, parfois sévères. En 2005, par exemple, l'idée d'une constitution commune émane de l'Union. Très vite, le projet heurte les sensibilités nationales et est fortement critiqué. En 2005, la France et les Pays-Bas rejettent officiellement le projet.

L'Union européenne est certes une union économique efficace, et une union politique partielle, mais elle peine à harmoniser ses politiques. On assiste dans le même temps à la montée des nationalismes dans différents pays européens, ce qui bouleverse encore davantage l'harmonie politique.

L'Union européenne n'a aucune force armée, ce qui est fortement critiqué lorsque, en février 2022, la Russie attaque l'Ukraine et lui déclare la guerre. L'Union européenne ne peut agir en réponse à ces attaques, et cela renforce le sentiment de remise en question de l'UE ressenti dans différents pays. L'Euroscepticisme se renforce peu à peu.

De même, l'Union européenne se divise ouvertement sur la question d'élargissements supplémentaires : Turquie ? Ukraine ? Les avis divergent. Certains mentionnent l'histoire commune, d'autres des cultures trop différentes, des questions de religions divergentes. Les principes nécessaires pour l'adhésion de nouveaux pays sont alors réaffirmés : les États doivent être des États de droit, démocratiques, et partager les mêmes valeurs que les États déjà présents dans l'Union européenne. Ils doivent respecter la liberté, la dignité, la solidarité, l'égalité. Le cas de la Turquie fait couler beaucoup d'encre depuis sa première demande d'adhésion en 1987, sans cesse rejetée.

En 2016, le référendum organisé en Grande-Bretagne est un choc pour le monde entier : la sortie de l'Europe est plébiscitée par la majorité des électeurs. Le processus de Brexit est lancé, et prendra plusieurs années avant d'être réellement mis en application. Néanmoins, l'idée de quitter l'Union européenne séduit de plus en plus de pays qui commencent à affirmer leurs volontés de redevenir indépendants, partiellement ou totalement.