Les vrilles de la vigne (1908)

Contexte

Entre 1900 et 1903, Colette écrit trois romans qui mettent en scène le personnage de Claudine. Entre 1907 et 1908, elle tente de se détacher de ce personnage avec de courts textes qu'elle publie dans des revues. Elles sont réunies sous forme d'un recueil de nouvelles, Les vrilles de la vigne, qui paraît en 1908.

Résumé

Il s'agit d'un recueil de vingt nouvelles autobiographiques et introspectives. Elles ont des genres et des objets variés. Par exemple, "Les vrilles de la vigne", "Rêveries du nouvel an" et "Chanson de la danseuse" sont des contes métaphoriques, tandis qu'"Amours", "Nonoche", "Toby-Chien parle" et "Dialogue de bêtes" s'apparentent à des fables.

Notions

L'amour

Colette dédie "Nuit blanche", "Jour gris" et "Le dernier feu" à son amante Missy. À travers ces histoires d'amour, Colette n'hésite pas à affirmer sa bisexualité, ce qui lui vaut une réputation sulfureuse.

"Belles-de-jour", "De quoi est-ce qu'on a l'air ?" et "La guérison" sont réunies autour du personnage de Valentine, dont Colette raconte les déboires sentimentaux.

La mer

Les trois dernières nouvelles du recueil, "En baie de Somme", "Partie de pêche" et "Music-Halls" portent sur l'univers marin et celui du spectacle.

Le passé

Certaines nouvelles comme "Rêveries du Nouvel An" sont empreintes de nostalgie et de souvenirs d'enfance. Ce thème cher à Colette est au coeur du roman Sido.

Sido (1930)

Contexte

En 1929, la première partie du roman, "Sido ou les points cardinaux", est publiée dans La Revue hebdomadaire. L'année suivante, Colette écrit "Le Capitaine" puis "Les Sauvages". Ces trois parties sont réunies pour former un triptyque : le roman Sido, qui paraît en mai 1930.

Résumé

Il s'agit d'un roman autobiographique : Sido est le diminutif de la mère de Colette, Sidonie. L'intrigue se déroule dans son village natal, à Saint-Sauveur en Puisaye. Les trois parties du roman sont consacrées à un pan de la famille de l'auteur : la première à sa mère et à la communion qu'elle entretient avec la nature ; la deuxième à son père, un blessé de guerre et écrivain raté ; la troisième enfin à sa fratrie : sa demi-soeur Juliette et ses demi-frères Achille et Léo.

Notions

La vie mondaine

Dans les premières pages du roman, Colette raconte la fascination de sa mère pour la vie parisienne "dont tous les attraits étaient à sa mesure, puisqu'elle ne dédaignait rien". Les excursions de Sido font l'objet d'un traitement presque musical, avec une abondance de sizains : "elle avait visité la momie exhumée, le musée agrandi, le nouveau magasin". Cette accumulation est d'ailleurs immédiatement suivie du registre musical, puisque Sido a "entendu le ténor et la conférence sur la Musique birmane".

La famille

Colette exhume ses souvenirs d'enfance sous forme de petites anecdotes. Le langage fait l'objet d'un traitement particulier : elle joue sur les sociolectes pour ancrer ses personnages dans un contexte précis. Celui de son père, le poète citadin, contraste avec celui de sa mère, liée à la campagne depuis sa naissance.

Colette se consacre à la célébration de sa famille, dans un registre épidictique. Elle s'applique à dépeindre des caractères : on peut parler d'éthopée.

La célébration du monde

Colette développe une perception animiste de la nature, qu'elle dote d'une intention et d'une conscience.

Sido est l'interprète de cette nature, dont elle décrypte le langage au point de "capt[er] les avertissements éoliens". Elle en est aussi la guérisseuse bienfaisante. Ainsi, le secours qu'elle porte à un géranium à l'aide d'un morceau de bolduc doré est teinté de lyrisme, au point que Colette le qualifie de "résonance poétique, éveillée par la magie du secours efficace scellé d'or…".

Plus encore, Sido se fond dans la nature qui l'environne, devenant oiseau le temps d'une métaphore où "elle rev[ient], ailes battantes" au logis. De même, Colette entre en communion avec le paysage qui l'entoure lorsqu'elle prend conscience "d'un état de grâce indicible et de [sa] connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion…". Quelques lignes plus loin, elle livre d'elle-même un portrait où sa beauté fusionne avec cette du monde : "Je l'étais [belle] à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure […]." Enfin, de même que la mère se fait oiseau, la fille se fait canidé, lorsqu'elle décrit "un grand circuit de chien qui chasse seul".

 

Dans Les vrilles de la vigne, Colette se fond dans le chant des oiseaux, que ce soit celui du rouge-gorge dans "Amours", ou celui du rossignol dans "Les vrilles de la vigne". Cet oiseau "qu'on écoute avec le désir insupportable de le voir chanter" n'est autre qu'une représentation métaphorique de l'auteur au travail.

On peut par ailleurs identifier des regroupements thématiques autour des animaux ou autour de la mer, que Colette célèbre en empruntant tantôt le ton amusé du fabuliste, tantôt le ton grandiose du poète lyrique. La nouvelle liminaire, rythmée par un refrain ("Tant que la vigne pousse, pousse, pousse"), peut même être considérée comme un poème en prose.