En effet, il est un contemporain de Galilée qui publie en 1633 son ouvrage Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Ce dernier lui vaut une condamnation par l'Inquisition pour avoir contesté le géocentrisme au bénéfice de l'héliocentrisme à travers un dialogue entre deux protagonistes. Ce qui l'incite à ne pas publier Traité du monde et de la lumière (qui ne l'est qu'à partir de 1664) dans lequel il défend l'héliocentrisme, et à ne pas totalement dévoiler « ses idées nouvelles sur l'homme et le monde » dans ses pensées métaphysiques. Descartes soutient que la philosophie scolastique ne permet pas de décrire réellement le monde, elle ne répond pas au bon sens qui, pour lui, « est la chose du monde la mieux partagée ». Il met en lumière l'importance de bien en user à travers une méthode qui permet de se préserver au mieux du possible de l'erreur. Cette méthode simple s'inspire de la méthode mathématique qui rompt avec les enseignements « spéculatifs » reçus au collège de La Flèche.

 

I. Présentation de René Descartes

René Descartes (31 mars 1596 - 11 février 1650) est le troisième enfant d'une famille de la petite noblesse. Son père est conseiller au Parlement de Bretagne, il l'élève avec sa nourrice et sa grand-mère maternelle, sa mère étant décédée suite à un accouchement avant ses deux ans. Il le surnomme « petit philosophe » pour ses questions incessantes. Au collège La Flèche, Descartes démontre des dons intellectuels précoces et son goût pour la réflexion. Il devient ainsi un mathématicien, physicien et philosophe français du XVIIe siècle. C'est l'un des fondateurs de la philosophie moderne en se basant sur « le système des sciences sur le sujet connaissant face au monde qu'il se représente » dans son ouvrage Discours de la méthode.  Il y célèbre le cogito avec cette phrase connue « Je pense donc je suis ». C'est la naissance de la subjectivité moderne. En tant que physicien, il est aussi l'un des fondateurs du mécanisme dans l'optique ainsi qu'à l'origine de la géométrie analytique dans le domaine des mathématiques. Il généralise le principe d'inertie de Galilée. Il a une influence déterminante sur son siècle et les philosophes suivants qui développent leur propre philosophie en opposition (Locke, Hobbes, Pascal, Spinoza…) ou en accord (Malebranche, Arnauld…).

Son caractère et sa devise durant une partie de sa vie se résume à « avancer masqué », « Heureux qui a vécu caché ». Il voyage en Hollande, Danemark, Allemagne et s'engage aussi à l'école de guerre en Hollande puis dans l'armée du duc Maximilien de Bavière. Il commence vers 1627 à se faire connaître pour ses inventions en mathématiques. Il étudie aussi tous les phénomènes de la nature. Il a une fille qu'il perd à ses 5 ans. En 1649, il devient le précepteur de la Reine Christine. Les circonstances de sa mort sont obscures, l'hypothèse la plus évoquée est un empoisonnement à l'arsenic par une hostie donnée par l'aumônier Viogué catholique rattaché à l'ambassade de France à Stockholm par crainte que son influence cartésienne et son refus du dogme catholique détournent la reine Christine du catholicisme. Les ossements de Descartes sont souvent déplacés ou certains subtilisés pour en faire des bijoux, ils ne se trouvent pas au Panthéon comme il avait été décrété par la Convention Nationale en 1793 par le doute de leur authenticité. Ils sont actuellement dans une chapelle de l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris.

 

II. Résumé de l’oeuvre

L'objectif de cet ouvrage est de trouver des fondements solides à la connaissance, de vérifier que ce qu'on croit est une vérité et de s'en assurer. C'est une démarche de réflexion montrant son expérience qu'il décrit à la première personne comme guide pour le lecteur de faire de même. Le premier postulat est de rejeter tout ce qui est douteux pour trouver quelque chose qui ne le soit pas : le sujet pensant ou cogito cartésien. À partir de ce dernier, il reconstruit à travers ses six méditations la connaissance avec comme socle la certitude. Ainsi, il balaye les anciens préjugés pour s'appuyer sur des choses certaines où le doute n'est plus possible. Il y détermine les fondements sur lesquels doit reposer l'édifice des connaissances comme vérités ultimes permettant d'établir le reste des choses comme les sciences. C'est le projet cartésien qui « s'inscrit dans une conception morale de la recherche de la vérité ».

Les méditations sont découpées en six parties dont chacune aborde un thème particulier. La première est l'épreuve du doute pour toutes choses et croyances vers une quête de la certitude absolue. Il s'attaque ainsi aux préjugés, ses certitudes de l'enfance où la raison est « mal formée ». C'est la « tabula rasa » (faire table rase). Il utilise un principe d'entonnoir pour restreindre le champ de ce qui est connaissable au fur et à mesure des arguments allant du « doute naturel » au « doute hyperbolique ».  Il ne trouve à la fin aucun argument permettant de confirmer l'argument suivant : « je supposerai que mes certitudes les plus établies sont en fait un mauvais tour joué par un être tout puissant qui aurait décidé de me tromper ».  Il lui permet ainsi de formuler la certitude de son existence, point de départ de sa seconde méditation. De fait, il y affirme qu'il existe en tant que chose pensante, c'est le célèbre « je suis, j'existe ». Il veut donc obtenir plus de connaissances sur lui-même que la seule conscience de son existence, point fixe pour analyser tout le reste. Il démontre avec l'exemple du morceau de cire que l'esprit est le fondement de toute connaissance, plus facile à connaître que son propre corps.

La troisième méditation est de découvrir ce qui rend si certain la connaissance du moi pour l'appliquer à toute chose. C'est la recherche du critère de la vérité. Il analyse ainsi ses pensées qu'il distingue entre les idées, les volontés et les jugements. Il définit que les idées adventices, qui ne dépendent pas de lui, ne peuvent être faussées par le malin génie et permettent de faire le lien avec le monde. Il en arrive à la conclusion qu'il faut trouver une forme claire et distincte qu'il n'aurait pu construire par lui-même. Il en conclut que Dieu existe, car la présence de l'idée que Dieu existe ne peut être possible que par l'infini représenté par Dieu qui lui a mis l'idée de son existence en lui. Il en déduit que le dieu trompeur n'existe pas, car Dieu est perfection et ne peut donc tromper, considéré comme une imperfection.

La quatrième méditation vise le discernement de l'origine des erreurs, soit distinguer le vrai du faux. Mais en tenant comme indubitable la bonté de Dieu, il justifie que Dieu aurait fait l'homme imparfait, car l'humain peut se tromper, car son but était de faire le monde le plus parfait possible et que l'imperfection de l'homme en serait nécessaire pour sa perfection. Il argumente que nous avons en nous des traces de perfection notamment notre volonté qui confère une liberté de choix dans la limite de notre entendement. Il confirme sa croyance en un Dieu bon puisqu'il a doté l'homme du libre arbitre, de la connaissance et de l'abstention de jugement pour éviter les erreurs.

Dans l'avant-dernière méditation, il souhaite produire des connaissances en s'intéressant à l'essence des choses matérielles plus faciles à connaître que leurs existences, c'est-à-dire les idées qui relèveraient à priori de quelque d'extérieur à nous. Elles occupent de l'espace, elles sont donc mesurables et c'est ce qui forme les idées matérielles pour exercer la science physique et mathématique précédant l'expérience sensible de ces choses. Nous pouvons citer l'exemple du triangle à trois côtés qui est une idée claire et distincte que toute personne possède. Il établit encore une fois la preuve de l'existence de Dieu à travers une perspective scientifique, la preuve ontologique et cette phrase : « je n'ai jamais vu Dieu et je n'ai pu créer l'idée d'infinie perfection. Il s'ensuit de cela que Dieu existe nécessairement ».

Enfin, dans la sixième méditation, il pose l'existence des choses matérielles et fait la distinction entre l'âme et le corps à travers la sensibilité des choses qui s'impose à lui et le fait de ne pas mélanger les deux formes de vérité que sont celle de l'esprit et celle du corps qui entraîneraient de se tromper sur ses sens. Les sens eux-mêmes ne trompent, c'est leur interprétation qui les fait devenir trompeurs. Cependant, il réunifie tout de même l'âme et le corps par son rapport de sujet à objet où son intérêt est de préserver son corps qui, s'il est affecté, affectera l'âme. Il met en évidence que le sujet est fait de deux parties : l'âme et le corps. Il en déduit qu'il existe la connaissance par la clarté et la distinction des idées et la connaissance par sentiment. La cohérence entre les deux semble incompréhensible, mais elles sont vraies.

À la fin, tous les doutes sont levés sauf le rêve. Ainsi, il définit que le monde est une construction de la pensée qui lie nos idées. Le sujet ne se laisse pas contempler, mais est construit par le sujet. Descartes conclut ses méditations sur la limite et la faiblesse de nos connaissances. Son ouvrage est une expérience philosophique où il y narre son introspection et le cheminement de sa réflexion pour nous laisser en faire de même comme un précurseur de nos livres contemporains sur le développement personnel et non comme un manuel de philosophie.