Sujet 1 - Est-ce que l'auteur a pour fonction de s'écrire ?
Selon Sainte-Beuve, tout livre reflète son auteur, et sa vertu vient du fait qu'il exprime une identité stable, définie. Pour Proust, à l'inverse, le livre n'est pas le produit du moi social : il est le produit du moi réel. « Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. » Proust exigeait une analyse stylistique dépourvue d'éléments extérieurs à l'oeuvre. « Or, en art il n'y a pas d'initiateur, de précurseur. Tout dans l'individu, chaque individu recommence, pour son compte, la tentative artistique ou littéraire ; et les oeuvres de ses prédécesseurs ne constituent pas une vérité acquise, dont profite celui qui suit. »
Sujet 2 - Qu'est-ce que le voyage enseigne à l'humanité sur elle-même ?
Le voyage peut être perçu comme une quête, non seulement d'expérience, mais aussi de soi-même. Se confronter à l'altérité signifie aussi s'éprouver soi-même : il en est ainsi du voyage initiatique d'un Du Bellay dans ses Regrets, qui effectue un périple moral à Rome, d'où il découvre qu'il est un Ulysse, tendu vers sa partie.
Sujet 3 - Le langage nous permet-il de communiquer ce que nous ressentons ?
Le langage est un outil qui permet de partager une vision du monde. Différentes langues existent, témoignant de vues différentes sur celui-ci. L'écriture, notamment le lyrisme, a pour fonction d'exprimer un « moi », constitué par ses sensations. Ainsi Victor Hugo dans la préface de ses Contemplations définit la poésie comme ce qui permet d'exprimer les sentiments, non seulement d'un homme, mais d'un peuple, le poète étant un messager, un prophète dans sa poétique.
Sujet 4 - Un récit peut-il transmettre une philosophie pratique ?
Bien sûr, les récits n'ont pas tous pour objectif de transmettre une leçon morale : la poésie, par exemple, peut être considérée comme fondamentalement autodiégétique, (« l'art pour l'art » qui inspire Baudelaire). Gargantua, de Rabelais, à l'inverse, possède quelques éléments, souvent parodiques, qui réfèrent à la réalité de l'époque de Rabelais. L'auteur présente l'humanisme comme une éducation moderne, diverse et fondamentale, par opposition à l'éducation sophiste, encore utilisée de son temps. Il en décrit les ressorts, afin de convaincre le lecteur de la supériorité de celle de Gargantua.
C'est donc un hymne à la Renaissance, aux idées humanistes. L'opposition Grandgousier / Picrochole symbolise ainsi l'opposition Humanistes (notamment François Ier) / Sophistes (Charles Quint). Si l'auteur critique les guerres de son temps et exhorte les hommes au pacifisme, il critique également certains aspects de la religion.
Sujet 5 - En quoi l'oeuvre La Princesse de Clèves témoigne-t-elle d'une analyse historique de la manière dont on vit à la Cour ?
Ce roman, selon Mme de Lafayette est « une parfaite imitation de la Cour et de la manière dont on y vit ». En effet, la romancière place l'action au sein de la cour d'Henri II, entendant par le cadre historique donner à sa nouvelle une vraisemblance particulière. Elle peint la Cour d'une façon véridique : si elle en montre les aspects positifs dans une bienséance classique (mariages, bals…), elle n'oublie pas de décrire les réalités sordides (corruption des moeurs, cruauté des rivalités…). En observant la cour du roi Louis XIV, elle imagine les bassesses de la cour des Valois, personnages de l'Histoire récente.
Sources :
- Contre Sainte Beuve, Proust
- Les Regrets, Du Bellay
- Préface aux Contemplations, Hugo
- Gargantua, Rabelais
- La Princesse de Clèves, Mme de Lafayette