Sujet 1 - Est-ce que la notion de frontière a encore un sens actuellement ?

Les frontières sont des réalités spatiales historiques, relevant de la convention. Elles résultent des guerres, des invasions, du développement de la production et du commerce, des conquêtes. Ce sont des discontinuités spatiales, qui organisent le territoire des États-nations. Si elles symbolisent une vocation de séparation, il faut également les concevoir en tant qu'interfaces, c'est-à-dire des lignes qui rendent possibles des échanges entre les deux territoires qu'elle sépare. Avec la mondialisation, certains pays voient la notion de frontière s'effacer, dans le cadre de ce qu'il convient d'appeler des frontières ouvertes (Jacques Lévy) : néanmoins, la frontière américano-mexicaine, israélo-palestinienne, celle des enclaves de Ceuta et Melilla continuent à marquer des fermetures spatiales. De même, les mesures de fermetures de frontières dues au coronavirus questionnent la vision d'un monde uniformisé, notamment au sein de l'espace Schengen.

Sujet 2 - Se souvenir permet-il d'éviter les erreurs du passé ?

Le recours à la longue durée, la mise en perspective d'événements et de contextes appartenant à différentes périodes rendent attentif aux continuités et aux ruptures. « L'histoire est vectrice d'une leçon morale » pour Thucydide, auteur de la Guerre du Péloponnèse. Cette vision reste partagée aujourd'hui, alors que l'histoire s'analyse dans une dialectique présent/passé. Grâce aux recherches historiques, la mémoire de certains évènements peut être rétablie. L'exemple des crimes de masse de la Seconde Guerre mondiale en témoigne : sa mémoire complexe, aujourd'hui encore sujette à des contestations négationnistes, a été écrite dans une volonté d'établir un récit qui servira aux générations futures. La reconnaissance du terme de génocide a aidé à mettre au jour les enjeux humains du conflit.

Sujet 3 - Pourquoi la notion de « guerre juste » fait-elle débat encore aujourd'hui ?

La notion de guerre juste tire ses origines des conflits louis-quatorziens. Au XVIIe siècle, les guerres menées par le roi Soleil sont discutées pour juger de leur justice. À l'époque, l'on considère que la guerre doit être menée pour que le pays se conforme à ses limites naturelles : notamment le Rhin à l'Est. D'où les guerres prétendument justifiées, comme celle de Dévolution (1667-68). Mais une guerre peut-elle réellement être justifiée par des principes territoriaux, ou même par des valeurs ? Faire la guerre au nom de valeurs, c'est les considérer comme prépondérantes : or elles sont relatives. Ainsi la guerre en Irak en 2003 voit le triomphe de l'impérialisme des États-Unis, tout en étant fruit d'une décision arbitraire et condamnée. Les conflits actuels, comme celui qui a lieu depuis des années en Israël et en Palestine, continuent d'agiter des tensions internationales sur leurs prétendues justifications.

Sujet 4 - En quoi l'affaire Dreyfus témoigne-t-elle d'un débat entre deux conceptions de la France ?

Cette affaire d'espionnage entre 1894 et 1898 divisa la France en deux. D'un côté une France antisémite, nationaliste, cléricale ; de l'autre républicaine, héritière de la Révolution française. La publication de J'accuse, en 1898, sépare puissamment la société française. Des hommes et des femmes prennent position dans l'espace public, au nom des valeurs du pays. La presse a été l'un des acteurs majeurs du conflit : ainsi la Libre Parole de Drumont, journal antisémite virulent, témoigne-t-il d'aspirations nationalistes et antisémites.

Sujet 5 - En quoi le Romantisme est-il un mouvement littéraire qui s'inscrit dans un siècle éminemment politique ?

Marquant un renouveau de la création, un retour de la vie littéraire, la conversation très importante au centre de la création littéraire, voire un retour à la sociabilité littéraire, le Romantisme éclot au début du XIXe siècle. Les Romantiques se retrouvent surtout à Paris, assistent aux débats de la chambre entre les ultras (qui veulent un retour à la société d'Ancien Régime), assistent aux réceptions de l'académie, aux cours de la Sorbonne. Ils ont une grande curiosité intellectuelle, et leur bouillonnement a des résultats politiques : les journées de juillet 1830 illustrent le besoin de renouveau politique qui découle de leur quête artistique.

 

Sources :

- Thucydide, La Guerre du Péloponnèse
- La France au XIXe siècle - Claire Fredj
- Multiples travaux de Jacques Lévy sur la notion de frontière