Olympe de Gouges (1748-1793) porte pour véritable nom celui de Marie Gouze. Femme du Sud, elle est une écrivaine polygraphe, tournée vers la politique.
Elle fut même guillotinée en raison de son engagement dans la cause féminine, en ce siècle pourtant dit « des Lumières », faisant résonner tragiquement une phrase de sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ». Après Marie-Antoinette, elle est la deuxième femme à être guillotinée pendant la Révolution française .
Mariée jeune, de force, elle fut très rapidement veuve. Elle vécut en concubinage avec un haut fonctionnaire qui lui permit de vivre une vie bourgeoise et surtout d’écrire, l’assimilant à une courtisane.
Olympe de Gouges monte sa propre troupe de théâtre. Zamore et Mirza, ou L’heureux naufrage fut inscrit au répertoire de la Comédie-Française en 1785. Cette utopie humaniste lui valut la rancœur des propriétaires esclavagistes.
Elle défendit donc l’abolition de l’esclavage des Noirs, en ce siècle de la Traite négrière et du « Code noir ». Elle fut embastillée mais la lettre de cachet fut révoquée.
Elle écrivit de nombreuses pièces de théâtre, mais aussi des pamphlets féministes, proposant des réformes sociales ou sociétales.
Sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne témoigne de son engagement afin d’ « écrire et combattre pour l’égalité », elle qui, dès sa naissance, connut les injustices dues à son statut d’enfant adultérin. Elle œuvra ainsi en faveur des droits des enfants dits naturels.
I Contexte d’écriture
Au XVIIIème siècle, la femme est encore cette « éternelle mineure », qui reste sous l’autorité juridique du père, du mari, ou du frère. Elle ne peut rien faire sans l’autorisation d’un homme, comme travailler par exemple.
Dès lors, seul le mariage peut être un moyen d’ascension sociale, d’amélioration de ses conditions de vie. Devenue veuve et ainsi libérée du joug de l’autorité maritale, Olympe de Gouges ne se remaria jamais.
L’éducation des femmes est limitée, à part dans les classes plus aisées où l’éducation des filles commencent lentement à se démocratiser, après le retentissement causé par l’Emile ou de l’Education de Rousseau. Le cahier des doléances de 1789, soulèvera ce problème de l’instruction des filles.
Des figures féminines prennent part aux combats, citons par exemple Madame Roland, Charlotte Corday, Théroigne de Méricourt, Madame Necker, et bien entendu Olympe de Gouges.
Malgré quelques avancées, comme le droit de divorce (qui en pratique ne se fait pas sans heurts ou ne se fait pas du tout), les femmes continuent d’être muselées puisqu’elles n’obtiennent pas le droit de vote, ni celui de pouvoir s’exprimer à la tribune.
Le 14 septembre 1791, le préambule de la Déclaration des Droits de l’Homme est repris dans la première Constitution de l’Assemblée législative. C’est alors qu’Olympe de Gouges adresse à Marie-Antoinette sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, dénonçant la fausse universalité de la Déclaration des Droits de l’Homme, qui n’est pas celle des Droits de l’Humain, en général. Olympe de Gouges entend y dénoncer les inégalités femmes-hommes et l’oppression exercée sur le genre féminin.
En 1793, la politique est refusée aux femmes : les clubs féminins sont interdits et la citoyenneté des femmes est niée. L’insurrection prairial durcit leur condition : la Convention leur interdit l’accès à la Tribune, leur défend d’assister aux assemblées politiques et de se rassembler dans la rue.
En 1804, le code civil napoléonien rétablit les pleins pouvoirs du chef de famille, soit l’homme.
II Résumé et Notions
La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne se fonde sur une symétrie par rapport à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, elle en est structurellement le pastiche .
La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne est avant tout un texte juridique, présenté devant l’Assemblée législative le 28 octobre 1791.
Elle se compose d’une dédicace à Marie-Antoinette, d’un préambule, de 17 articles et d’un postambule. Chaque point est le corollaire des droits et devoirs de leurs homologues masculins.
Le préambule
Il reprend la structure de celui de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, en une volonté de témoigner de la légitimité de cette entreprise. Les droits et les devoirs inaliénables de la femme y sont donc mentionnés.
Articles 1 à 17
Les deux premiers articles s’attachent à vouloir une égalité quant aux notions de liberté, de sécurité, de droit à la propriété, et de résistance à l’oppression, dans la souveraineté de la nation (+ article III).
Olympe de Gouges promeut l’émancipation des femmes, mais non l’éviction des hommes (article III). Sa politique se veut égalitaire (article VII).
Elle milite en faveur de l’égalité de naissance dont le fondement est le droit naturel (articles IX et XI notamment), ce qui contribue à l’égalité de la liberté et de la justice (article IV).
La femme doit pouvoir prétendre à l’égalité d’accessions aux métiers et fonctions (articles VI et XIII) et ainsi pouvoir disposer de son patrimoine (articles XIV et XVII) en une égalité de traitement avec les hommes, notamment devant l’administration (article XV).
Droits et devoirs sont alors énumérés : devant la loi (articles V, VIII et IX) pour l’intérêt général (article XII), l’égalité d’expression politique (article X) mais aussi de vote (articles VI et XVI).
Postambule
En s’adressant aux femmes, Olympe de Gouges entend briser leur attitude de « servitude volontaire » . Elle y expose leurs conditions et leur dépendance, juridique comme financière.
A la suite, Olympe de Gouges insère une « forme de contrat social de l’homme et de la femme ».
Conclusion
Longtemps oubliée de l’Histoire, Olympe de Gouges est aujourd’hui sur le devant de la scène : sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne est au programme du baccalauréat et une émission du service public, Secrets d’histoire , lui a été consacré.
Son buste, installé au palais Bourbon, est la première représentation artistique d’une femme politique à L’Assemblée Nationale.
Certains demandent même sa panthéonisation, ce qui crée, encore aujourd’hui, des débats houleux alors que sa Déclaration est la première écrite en faveur de l’Humain en général.