I. Présentation de l’auteur et de l’oeuvre
Madame de Lafayette est née en 1634, au coeur du XVIIe siècle. Elle est femme de lettres, écrivaine, tenancière d’un salon littéraire rue de Vaugirard à Paris. Son roman La Princesse de Clèves paraît en 1678, et remporte rapidement un franc succès. À une époque où la mode est aux romans-fleuves publiés en dizaines de tomes, Mme de Lafayette introduit un nouveau genre littéraire détonant : le roman d’analyse psychologique. Elle a pour ambition d’analyser des caractères et des personnages sur le plan psychologique, et c’est cela l’immense force de ses écrits, hors du commun pour l’époque.
Dans La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette utilise ses convictions jansénistes, et décrit l’amour comme un sentiment qui tourmente et qui est empreint de négatif. L’intrigue est précise et les personnages peu nombreux, ce qui donne un roman court et efficace, sans superflu.
L’intrigue se déroule sous Henry II à la cour des Valois. Madame de Chartres présente sa fille, Mademoiselle de Chartres, à la cour, et lui permet d’épouser le prince de Clèves. Elle devient ainsi la princesse de Clèves. Très vite, elle rencontre le duc de Nemours, dont elle tombe éperdument amoureuse. Bien décidée à ne pas trahir son mari et à sauver son mariage, elle cache ses sentiments et quitte la cour pour se protéger. Elle avoue ses sentiments à son mari, sans indiquer de qui elle est amoureuse. Celui-ci meurt peu après, consumé par le chagrin.
La princesse de Clèves est très secouée par la mort de son mari et refuse de vivre son amour avec le duc de Nemours. Elle finit par se retirer seule dans un couvent.
L’incipit de l’oeuvre, sorte d’introduction, est en réalité une scène historique dans laquelle la princesse de Clèves évolue à la cour du roi.
II. Analyse du texte
A. 1re partie du texte : la description du roi et des activités de la cour
1) Le roi
Le texte de l’incipit de La Princesse de Clèves peut être décomposé en deux sous-parties. Dans la première partie du texte, Madame de Lafayette décrit (dans les deux premiers paragraphes), le roi Henri II. Le portrait est plutôt agréable et élogieux. Le roi est décrit comme un personnage « galant, bien fait et amoureux », qui « réussissait admirablement dans tous les exercices du corps ». Le roi est donc présenté comme un être beau, doué, élégant.
2) Les activités de la cour
Néanmoins, plusieurs allusions discrètes sont faites à la vertu morale et à l’existence d’une amante pour le roi, la célèbre Diane de Poitiers. Dès le début de l’incipit, soit dès le début du roman, plusieurs mentions sont faites concernant les passions, les dégâts qu’elles peuvent causer, le drame des passions.
À la fin de cette première partie, une description des divertissements et des activités menées à la cour par le roi et ses sujets, permet de comprendre le quotidien de la cour.
B. Deuxième partie du texte : un portrait de la reine
1) La reine
Dans la deuxième partie du texte, c’est la reine qui est décrite, et qui fait à son tour l’objet d’une description plutôt sympathique et élogieuse dans les deux paragraphes suivants. La femme du roi, Catherine de Médicis, est ainsi décrite comme « belle, qui aimait la grandeur, la magnificence et les plaisirs ». Le caractère hédoniste du couple est ici réaffirmé.
Madame de Lafayette mentionne également que la reine est d’ « humeur ambitieuse », mais la tournure des phrases indique que la reine est au courant de l’amour de son mari pour Diane de Poitiers, mais qu’elle n’en laisse cependant rien paraître. Il est en effet indiqué « Il semblait qu’elle souffrit sans peine l’attachement du roi pour la duchesse de Valentinois ». La formulation, néanmoins, laisse planer le doute quant aux émotions réelles de la reine, et montre son détachement face à la peine et au péché.
2) Les mauvais côtés de la cour du roi et de la reine
L’auteur mentionne ici également les passions qui agitent et animent la cour, et peuvent causer de graves troubles auprès des membres de la cour, notamment du fait d’importances rivalités.
L’objet de l’incipit de ce roman est de dresser un tableau de la cour à laquelle évoluent les principaux personnages de l’ouvrage, en décrivant leurs caractères, leurs habitudes, et en donnant des repères historiques clairs et précis. Très vite, on comprend que le décor est féérique, romanesque, enchanteur. Le lecteur fait la connaissance d’un roi bonhomme, décrit de façon élogieuse. Néanmoins, de façon quasi concomitante, le lecteur découvre des personnages mus par des passions violentes, pas toujours saines, et qui dépassent la vertu. Dès la première page, Madame de Lafayette amène de premiers éléments qui laissent sous-entendre une fin tragique, ce qui sera le cas dans l’excipit. Très vite, la cour est en effet décrite comme un lieu fortement basé sur les apparences, les mensonges, les trahisons, le divertissement, le plaisir. À la fin de l’incipit, la princesse de Clèves, personnage principal de l’oeuvre, n’a pas encore fait son apparition.