Je vais à présent poser le cadre socioculturel de l’oeuvre, ainsi que du poète, afin de pouvoir la situer dans le temps et la littérature.

Introduction

Recueil poétique choc et scandaleux, Les Fleurs du Mal trône le blasphème, après s’être passé de la morale et uses envahissants de l’époque. Dès sa publication, l’oeuvre est sujette à la censure et aux critiques, émanant principalement des cercles religieux et ecclésiastiques et conformistes de l’époque et qui voit en elle une ode à la débauche et à l’irrespectabilité, d’où ses deux différentes dates de parution : la première en 1857, s’ensuivront d’autres en fonction des censures et différentes autorisations de publication de certains poèmes anticonformistes et antimoraux, qui abordent des thématiques alors inexplorées jusque-là dans la littérature française, dont notamment le plaisir, l’homosexualité…

Second poème final (version finale apparue en 1981) du recueil Spleen et Idéal (seconde partie du recueil), L’Albatros est réparti en quatre quatrains d’alexandrins à rimes croisées répartis également entre les deux genres de poésie.

Inspiré d’un voyage vers les Indes, mais qui prendra fin à l’île Maurice, le poème est une véritable antithèse, abordant chute et élévation à travers un même personnage personnifié, qui est ici l’albatros, ancré dans un contexte marin et souverain. Or comment le poète parvient-il à illustrer cette contradiction existentielle de l’être par l’allégorie ?

Dans un premier temps, nous allons déterminer, poser et délimiter le cadre du poème à différents niveaux : tout d’abord d’un point de vue géographique (mer, ciel, océan, navire…), ainsi que d’un point de vue contextuel (comparaison et allégorie). Cette étude sera appuyée par une analyse sous-jacente des figures de style, et outils littéraires utilisés. Pour finalement déterminer en quoi cet animal volant correspond et ressemble au poète.

Présentation du poème, en abordant la structure (mise en page) :

I. Le cadre général du poème

Je vais à travers cette partie délimiter le cadre du poème, que ce soit d’un point de vue spatial, temporel, lexical…

Le premier élément à relever est le cadre du poème. On remarque que le poète pose ce cadre maritime, en l’accompagnant d’un important lexique du même champ. Dès le premier vers, les termes tels que « hommes d’équipage »,  « compagnons de voyage » (vers 3), ainsi que d’autres termes techniques et adjectifs propres et spécifiques à la mer, au ciel, et à l’équipage en général.

De plus, cette scène de mer est notamment appuyée par les rimes en mers : « mers » (vers 2), et « amer » (vers 4). L’auteur nous plonge ainsi, dès ses premiers mots, dans cette tout autre dimension-là, relevant des cieux et de la grandeur des océans, et la profondeur de ses eaux.

II. L’albatros, la personnification de la contradiction humaine

Maintenant, je vais exposer la relation directe qui lie l’animal et le poète. En exposant notamment les différents procédés et figures de rhétorique utilisés pour mettre en exergue cette personnification.

À travers L’Albatros, Baudelaire va comme dénoncer, mettre à nu, et en exergue une partie de l’être. Il va en d’autres termes explorer une partie de sa complexité, d’un angle sous-jacent. C’est-à-dire que l’Homme, perdu, et errant entre illusion et désillusion, chute et élévation cherche à combattre cet indissociable envahissant et significatif, voire existentiel. D’une manière plus générale, concernant la structure globale du poème, les trois premières strophes dépeignent et décrivent l’albatros, alors que la dernière se réfère au poète.

Véritable antithèse et contradiction, le premier point à souligner est la dimension du poème. Le poème traite des cieux, cet albatros souverain : « roi déchu » (vers 6), « prince des nuées » (vers 13), personnifié, correspondant à un voyageur ailé. Plus précisément, il va au début personnaliser cet albatros dans une dimension royale, divine et souveraine. Il va mettre en exergue sa grandeur. Pour ensuite venir comparer cette créature au poète lui-même, via notamment une hyperbole, en accentuant cette grandeur : « ailes de géant » vers 16. Ainsi, jusque-là, Baudelaire présente sa vie comme une parabole régit par ces deux phases. Son existence relève de l’exil, mais de la souveraineté, comme d’un autre monde d’une tout autre dimension.

De plus, la description établie par le poète de cet animal, le vocabulaire, le lexique utilisé, plonge le lecteur dans une dimension qui n’est pas sienne. L’ensemble des figures de style employées ne font qu’accentuer et amplifier cette vision-là.

De manière plus globale, la structure du poème, c’est-à-dire la répartition des strophes et vers organise en quelque sorte une avancée du lecteur à travers le poème.

 

III. L’Albatros, reflet allégorique de Baudelaire

Finalement, je vais exposer la dimension que prennent le poème et l’allégorie au vu de la situation et du contexte du poème, et de l’auteur principalement.

Le poème est une véritable explicitation de la situation de Baudelaire. Poète maudit, L’Albatros traduit ce rejet, cette complexité de vie, qui est la sienne. Car baignant dans un climat tendu, et étant profondément incompris jusqu’à être même censuré, il se décrit à travers ces vers. Ces vers sont pour lui l’expression même de la vision de sa propre personne. Il diffère des autres et l’exprime d’une manière assez suggestive. Le poème est donc très axé société, puisqu’il dépeint sa situation, et condition sociale du poète. Baudelaire prend des airs d’ignorance et d’inconnu, comme c’est le cas face à sa propre position sociale : il ignore tout d’une société qui le rejette et le voit d’un mauvais oeil. Ainsi, tout comme cet albatros, il est étranger à cette entité sociale, à cette terre, et à ce monde ; lui, le poète maudit. Éternellement incompris, il aborde les deux phases d’une vie en parabole de la montée à la chute. Il dépeint un portrait contrasté, à fois idyllique, mais malheureux et problématique, sur un fond divin et pur.

Il va d’ailleurs celer cette alliance et cette association avec l’albatros à la fin, à la toute dernière strophe. Et qui donnera à son poème un tout autre sens, une toute nouvelle interprétation. L’angle et le virage adoptés par l’auteur ne sont pas plus surprenants que sa chute et sa contradiction. Baudelaire laisse le lecteur perplexe, il l’aspire dans son monde et sa vision. Une vision semée de rêves et de désillusions, dont seul lui détient le secret.

En parallèle de son autoportrait, et de son autodescription, il dresse également un portrait social. Cette société qui le malmène et le sous-estime est d’autant plus abordée. Puisque les hommes d’équipage, alors en second plan détiennent le rôle des gens et de ses co-citoyens. Ils sont les acteurs de ce théâtre social, dont il est lui-même la victime.

En conclusion, le voyageur ailé qu’est Baudelaire, éternel poète maudit et incompris survole, avec ses airs souverains et divins, cette foule, cette houle humaine, coeur du théâtre social de sa vie.


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