Résumé de la nouvelle
Colonel devenu Général, le baron Philippe de Sucy est rentré en France en 1820 après huit ans de captivité en Sibérie. À l'automne 1820, il part chasser avec son ami, le marquis d'Albon dans le parc d'un ancien prieuré, le château des Bonshommes.
Durant la partie de chasse, il retrouve par hasard la comtesse, Stéphanie de Vandières, son amie et ancienne maîtresse. Huit ans auparavant, il l'avait quittée lors du passage de la Bérézina, combat au cours duquel le mari de cette dernière, le comte de Vandières y avait alors perdu la vie. Au moment de leur séparation, la jeune femme, prise de panique avait crié « Adieu » à son amant, le baron, resté sur l'autre berge.
Lorsque Philippe de Sucy la retrouve, Stéphanie de Vandières ressemble à un animal sauvage et pousse des cris dans un château isolé où seule Geneviève, une paysanne sourde-muette s'occupe d'elle. La jeune femme vit désormais comme une bête, devenue folle, décharnée et inconsciente. Avec l'aide du docteur Fanjat, Philippe de Sucy tente de la faire revenir à la raison, en reconstituant le jour de leurs adieux. La reconstitution est si bien réussie que le regard de la comtesse change instantanément et elle parvient à reconnaître son amant. En revenant à la raison, l'émotion est cependant si forte qu'elle en meurt, « cadavérisée ». Balzac décrit ainsi que son décès fut « comme si la foudre l'avait touchée ». Quelques années plus tard, le Général de Sucy finit par se suicider.
Personnages de la nouvelle
On note l'existence de 6 personnages.
Le Baron Philippe de Sucy est le personnage principal masculin de cette nouvelle. Né en 1789, ce militaire initialement Colonel monte au grade de Général, à la suite de la Campagne de Russie. En 1830, il décide cependant de se suicider, se sentant "abandonné de dieu".
Connue sous le titre de Comtesse de Vandière, Stéphanie de Vandière constitue le personnage principal féminin. Épouse du comte, général de Vandière, décédé en 1812 lors de la campagne de Russie, c'est à cette même époque qu'elle est sauvée par son ami d'enfance, le Baron Philippe de Sucy. Devenue folle, elle finit par retrouver le Baron, en 1820 soit quelques années plus tard, mais meurt soudainement lorsque de Sucy tente de la faire revenir à la raison.
Le marquis d'Albon est un ami du Baron de Sucy. C'est en partant chasser ensemble en plein automne, qu'ils découvrent Mme de Vandières.
Le docteur Fanjat est le vieil oncle de Mme de Vandières. Il tente désespérément de lui faire retrouver la raison, tentative qui se solde par la mort de sa nièce.
Geneviève est une paysanne sourde-muette qui veille sur Mme de Vandières depuis que cette dernière a sombré dans la folie.
Monsieur de Granville est un magistrat chez qui le Baron de Sucy trouve refuge après avoir découvert les conditions de vie de Mme de Vandières.
Thèmes évoqués
La nouvelle Adieu de Balzac propose trois grands thèmes d'analyse : le traitement littéraire de la folie, l'évocation d'une tentative échouée d'expérience clinique et pour finir, l'histoire d'un traumatisme de guerre.
1) Le traitement de la folie en littérature
Avec le personnage de Stéphanie de Vandières dans Adieu, Balzac évoque les limites entre humanité et animalité. Ce thème largement débattu depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle renvoie à celui d'un « homme sauvage », en l'occurrence il s'agit ici d'une « fille sauvage », en qui les relations de proximité entre l'homme et l'animal sont troubles. Stéphanie de Vandières y est ainsi décrite avec un corps ensauvagé, survivant grâce à ses instincts animaux et sans contrainte. Balzac joue également beaucoup sur la parole et la gestuelle de ce personnage principal féminin qui ne fait que répéter « Adieu ».
2) Une tentative d'expérience thérapeutique radicale
Il s'agit ici pour Balzac d'analyser la manière selon laquelle le discours clinique peut parfois être présenté. Le texte hésite volontairement entre le discours clinique (place du savoir médical, en particulier les fondateurs de la psychiatrie moderne, Pinel et Esquirol), l'intuition scientifique (à certains égards déjà proches de Freud), et le symbolisme ambigu.
3) L'histoire d'un traumatisme de guerre
L'histoire se fonde sur un événement historique tragique, à savoir la retraite de Russie des troupes impériales en 1812. Le récit passé décrit plus précisément le passage de la Bérézina au cours duquel, Stéphanie de Vandières voit mourir son mari, le compte de Vandières et fait prisonnier son amant, le baron Philippe de Sucy. Cet événement est également fortement traumatisant pour le baron qui restera prisonnier de nombreuses années avant d'être finalement libéré.
Exemple d'introduction et plan de commentaire de texte
Dans cette nouvelle, réel mélange entre romantisme et réalisme, Honoré de Balzac, romancier prolifique (plus de 90 romans) et fondateur de la Comédie Humaine, dépeint sans détours, les passions et émotions de ces personnages, réaffirmant une nouvelle fois, son intérêt pour l'étude des moeurs.
Face à ce constat littéraire, il convient dès lors de se demander : dans quelle mesure Honoré de Balzac propose-t-il, avec sa nouvelle Adieu, une représentation des passions animant les différents personnages ?
Nous montrerons tout d'abord qu'Honoré de Balzac souligne le traumatisme profond de la guerre en utilisant un récit avec deux structures temporelles clairement définies, à savoir l'automne 1819 et 1830. Nous étudierons ensuite la manière dont l'auteur met en avant l'amour que se portent les deux personnages principaux. Nous verrons enfin que si le traumatisme de la guerre et l'amour sont bien décrits par l'auteur, cette nouvelle reflète avant la thématique de la folie et plus précisément, de la femme sauvage.
I - Le traumatisme de la guerre
II - Un amour impossible
III - Une folie incurable