L’histoire du Prix Nobel
Son fondateur
Il s’agit d’un prix à portée internationale décerné, sans distinction de nationalité, à des personnes ou organismes ayant apporté un grand bénéfice à l’humanité.
Alfred Nobel, richissime Suédois décédé le 10 décembre 1895 sans héritier, ayant fait fortune par l’invention de la dynamite, exprime dans son testament le souhait que soit créée une institution chargée de récompenser, tous les ans, des personnes qui ont rendu de grands services à l’humanité et qui ont contribué ainsi au développement et à l’évolution du monde.
Le prix Nobel est décerné dans les cinq disciplines déterminées par son fondateur : paix (ou diplomatie), littérature, chimie, médecine (ou psychologie) et physique. En 1968, le prix d’économie a été institué par la Banque de Suède, aussi couramment appelé « prix Nobel d’économie » bien qu’il ne compte pas comme un prix Nobel.
L’organisation
Le testament stipule que les prix doivent être administrés par la fondation Nobel. La Fondation Nobel voit donc le jour en 29 juin 1900 et son rôle est d’assurer le bon fonctionnement de l’institution et le respect des règles d’attribution. Elle est composée d’un comité par discipline dont le rôle est de proposer des candidats, la liste sera ensuite communiquée aux différentes instances en charge d’attribuer les prix.
Les instances chargées de délivrer les prix sont placées sous l’autorité de la fondation Nobel. Il s’agit de l'Académie royale des sciences de Suède (physique et chimie), l'Académie suédoise (littérature), l'Institut Karolinska (physiologie ou médecine) et le comité Nobel norvégien du parlement (paix).
La première cérémonie s’est déroulée cinq ans après la mort de fondateur, le 10 décembre 1901, à l’Académie Royale Suédoise de Musique. Les rois de Suède et de Norvège se sont partagés la remise des prix puisque les deux royaumes relevaient à l’époque de la même Couronne. Le prix Nobel de la Paix sera remis par le Roi de Norvège de 1902 à 1905.
Depuis, cinq des six prix sont décernés en Suède tandis que le prix Nobel de la Paix est décerné en Norvège. Chaque prix peut être décerné à plusieurs personnes mais pas plus de trois.
Les lauréats sont désignés en octobre de chaque année par la Fondation Nobel. Ensuite, c’est le 10 décembre de chaque année, date d’anniversaire de la mort de son fondateur, qu’ils reçoivent en récompense leur médaille d’or, leur diplôme et leur somme d’argent. Depuis 2012, c’est environ 900 000€ qui sont partagés par Lauréats et par prix.
Quatorze Lauréats sont désignés chaque année, toutes disciplines confondues. En 2023, c’est deux français qui ont reçu le prix Nobel de Physique (Anne L’Huillier et Pierre Agostini).
Les prix Nobel refusés
Depuis la création du prix, la France compte environ 70 lauréats dont 10 lauréats pour le prix Nobel de la Paix, 17 lauréats en Physique, 10 lauréats en Chimie, 13 lauréats en Médecine, 16 lauréats en Littérature.
En 1901, année de la première cérémonie, ce sont deux français qui reçoivent le prix Nobel, celui de la Paix (Frédéric Passy) et celui de la littérature (Sully Prudhomme). La France est le pays qui compte le plus de Lauréats au prix de Littérature (15 depuis 1901).
Marie Curie recevra également le prix Nobel à deux reprises : en 1903 en Physique pour la découverte de la radioactivité naturelle et en 1911, en Chimie, pour ses travaux sur le polonium et le radium.
Les cas de refus
Le 22 octobre 1964, c’est Jean-Paul Sartre qui est désigné Lauréat du prix Nobel de Littérature mais le lendemain, dans une lettre publiée au journal Le Figaro il rejette cette distinction. Il s’agira du premier refus volontaire dans l’histoire du prix Nobel. Les causes du refus décrites par l’écrivain étant à la fois personnelles (son refus de se voir octroyer toute distinction honorifique) et objectives : l’écrivain, fervent critique, y compris des institutions, n’a pas souhaité que son nom soit transformé en institution.
La réponse à ce rejet, de la part de la Fondation Nobel a été la suivante : bien que l’écrivain refuse son prix et ses récompenses, il demeure Lauréat du prix Nobel.
Au total ce sont six Lauréats qui ont refusé le prix Nobel.
Dans les années 30, ce sont trois scientifiques Allemands qui ont refusé le prix Nobel de Chimie et de Médecine sous la pression des autorités nazies.
Toujours sous la pression des autorités, c’est ensuite en 1958 que Boris Pasternak, écrivain russe de confession juive, se trouve contraint de refuser le prix Nobel de Littérature sous la pression de régime soviétique qui lancera plus tard une campagne teintée d’antisémitisme contre l’écrivain.
Enfin, c’est en 1973 que Le Duc Tho, diplomate vietnamien, reçoit le prix Nobel de la Paix pour avoir signé avec les Etats-Unis, au début de la même année, les accords de paix de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam et au retrait des troupes américaines. Il refusera le prix Nobel au motif que ces accords ont été insuffisants à mettre fin à la guerre. Jusqu’en 1975, des offensives, des attentats et des embuscades par le camp américain violent régulièrement les accords de paix. Ce refus est le dernier, à ce jour, de l’histoire des prix Nobel.
Un refus hautement symbolique
A la question de savoir si un prix Nobel peut être refusé, la réponse est oui. Cependant, pour la Fondation Nobel, le refus du lauréat ne suffit pas à retirer son nom des annales des prix Nobel.
A la question de savoir si on peut refuser un prix Nobel pour échapper à la médiatisation, on peut répondre que le refus inscrit davantage le lauréat dans l’histoire du prix Nobel puisque son refus de recevoir une distinction aussi importante à l’échelle mondiale est hautement symbolique. Ce symbole restera donc attaché à l’histoire à la personnalité de son auteur.