Le 24 février 2022, la Russie lance une offensive militaire d’envergure en Ukraine.
Les deux pays sont issus de la dislocation de l’URSS à la fin de la Guerre Froide. La Russie est dirigée par Vladimir Poutine depuis le début des années 2000. En Ukraine, différents régimes se sont établis depuis la proclamation de l’Etat, certains proches des russes, d’autres plus proches de l’Occident. C’est avec les partisans du rapprochement avec l’Occident que la Russie entretient une relation tendue.
Quelles sont les origines et les enjeux de la guerre ? Nous allons tâcher de répondre à cette question en distinguant le contexte et les enjeux politico-diplomatiques du contexte et des enjeux économiques.
I. Contexte et enjeux politico-diplomatiques
I.1. Le problème identitaire
Fondé par des Vikings au VIIIème siècle, le Rus’ de Kiev s’est développé jusqu’à dominer l’Europe au XIème siècle. La région apparait ainsi comme le lieu fondateur de la civilisation russe. La région ukrainienne a été l’objet de convoitises de la part de nombreuses puissances voisines au cours de son histoire. En 1991, le pays devient indépendant. La plupart des habitants du pays parlent l’ukrainien mais les habitants du Sud et de l’Est du pays notamment en Crimée et dans régions du Louhansk et de Donetsk à l’extrême Est sont majoritairement russophones. Les langues ukrainienne et russe sont proches et toutes deux issus de la famille orientale du groupe des langues slaves.
I.2. Rivalité entre pro-occidentaux et pro-russes
En 2004, des Ukrainiens sortent dans la rue en masse suite à la victoire aux élections présidentielles de Victor Ianukovytch, candidat pro-russe, c’est la Révolution Orange. Des manifestations massives s’organisent également en 2013 afin de faire plier un le régime pro-russe revenu au pouvoir. Le président Ianukovytch finit par fuir en Russie. En Crimée, des séparatistes soutenus par la Russie déclarent l’indépendance et le rattachement de leur territoire à la grande puissance asiatique. La situation est approuvée par un referendum. Sur le plan diplomatique, il s’agit de montrer au monde que la séparation est le fruit de la volonté populaire. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes garanti par la juridiction internationale est mis en avant. Les régions de Louhansk et de Donetsk entrent en guerre contre le pouvoir central, la guerre sécessionniste est soutenue par la Russie. Vladimir Poutine dénonce les violences dont les russophones sont l’objet tout et le caractère nazi du régime ukrainien.
I.3. La volonté d’affirmation de la Russie face aux ambitions occidentales
Le président russe est un ferme patriote. Il estime que la Russie est une grande puissance mondiale et il compte bien le montrer aux yeux du monde. Sous son égide la Russie a intégré les BRICS (Brazil, Russia, India, China, South Africa). De nombreuses vidéos et images le mettent en scène. Apparaissant charismatique, il n’a de cesse d’affirmer la puissance de son Etat à l’échelle mondiale. La Russie dénonce l’influence grandissante de l’Occident à l’Ouest de son territoire. En effet, l’Union Européenne intègre une grande partie des pays de l’Est anciennement communistes tandis que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord accueille de nouveaux adhérents dans la région.
Les enjeux politico-diplomatiques du conflit sont nombreux, il en est de même des enjeux économiques.
II. Contexte et enjeux économiques
II.1. Les guerres du gaz
La Russie est un important producteur de gaz. Les ressources acheminées en Europe passent en partie par l’Ukraine. Du fait des relations tendues entre les deux pays, le passage peut subir des blocages. Gazprom, société russe d’extraction, de traitement et de transport du gaz s’oppose à Naftogaz, société ukrainienne assurant de transport de la ressource énergétique. A de nombreuses reprises, la première société a réduit ou coupé l’approvisionnement. Elle dénonçait un paiement trop faible de la valeur de ses services ou le retard dans le remboursement de dettes. En représailles, Naftogaz a de nombreuses fois bloqués le transit. Les guerres économiques entre les deux usines témoignent de l’importance de l’enjeu économique entre la Russie et l’Ukraine. Les blocages affectent la Russie qui perd des débouchés, touchent l’Ukraine qui ne bénéficient plus de gains pour le transport et privent de nombreux pays européens d’approvisionnements importants.
II.2. Des répercutions mondiales
La Russie et l’Ukraine sont d’importants exportateurs. Le premier pays est notamment un fournisseur important d’hydrocarbures. Le second exporte une grande quantité de produits céréaliers. La guerre entraine une chute de la production qui cause une chute de l’offre et donc une hausse des prix. Le conflit accroit l’inflation mondiale déjà en hausse depuis la crise du Covid 19. Les difficultés d’approvisionnement pourraient provoquer des crises alimentaires. Plus de 80 % du blé égyptien provient des pays en guerre , le pays africain a du prendre des mesures pour lutter contre la baisse des importations et éviter une crise alimentaire. Des sanctions ont été prises par des puissances du monde contre la Russie. Les puissances occidentales soutiennent l’Ukraine. Bien qu’elles refusent de rentrer dans un conflit militaire direct, elles n’ont pas hésité à placer la Russie sous embargo. L’Union Européenne s’est montrée principalement active.
Conclusion
La guerre russo-ukrainienne est liée à des enjeux politico-diplomatiques et à des enjeux économiques. Les régimes ukrainiens pro-occidentaux sont mal perçus par le pays voisin dont le président craint la montée de l’influence à ses frontières. Les deux pays exportent de nombreuses ressources. Le ralentissement du commerce a des conséquences néfastes pour eux mais également pour les autres pays du monde qui subissent l’inflation et l’amoindrissement des livraisons.
La guerre a commencé en février 2022, les forces russes font face à une farouche résistance mais elles gagnent du terrain. Le régime pro-occidental pourra-t-il se maintenir ? Quelles seront les conséquences économiques à long terme? Voici deux questions auxquelles il est bien difficile d’apporter une réponse pour le moment.