I. L'inflation
A. Définitions
L'inflation revêt plusieurs définitions, dont celle de Gaël Fain qui la définit comme "un excès de la demande solvable sur l'offre. La hausse des prix en étant la conséquence".
De façon plus générale, nous considérons que c'est "la perte du pouvoir d'achat de la monnaie matérialisée par une augmentation générale et durable des prix".
L'inflation est aussi vue par G. Olive comme une hausse du niveau général des prix qui se trouve dans une boucle qui s'autoentretient, car une hausse en entraîne d'autres et est fondée sur des mécanismes macroéconomiques qui mettent en jeu l'interdépendance entre tous les mécanismes et parties de l'économie.
Ainsi, l'inflation est une hausse globale des prix des biens et services utilisés par les ménages qui entraîne une perte du pouvoir d'achat, car chaque euro permet d'acheter donc moins de produits et affaiblit donc aussi la valeur de la monnaie.
Tous les produits n'ont pas le même poids dans les dépenses des ménages et ces derniers ne consomment pas exactement de la même manière. Chaque produit est donc pondéré selon sa part dans les dépenses. Ainsi l'électricité est une dépense non négligeable des ménages.
Le niveau de l'inflation est donc calculé par rapport aux dépenses moyennes de l'ensemble des ménages sur les biens et services qu'ils consomment qui représentent le panier moyen du ménage. Il est composé des biens d'usage courant comme l'alimentation ou l'essence ; les biens durables comme l'habillement, l'électroménager ou la high tech ; ainsi que les services comme les loyers, les assurances ou le coiffeur.
Ces produits représentent le panier moyen du ménage qui a un prix qui varie dans le temps. L'évolution du prix du panier annuel détermine le taux d'inflation annuel en comparant le prix total de ce panier au cours d'un mois donné par rapport au même mois de l'année précédente.
En France, l'inflation est évaluée à partir de l'indice des prix à la consommation (IPC) établie par l'INSEE.
Au niveau de l'Europe, la hausse des prix à la consommation est mesurée par "l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH[1]), car l'ensemble des pays de l'UE adoptent la même méthodologie qui permet de comparer les données entre les pays. Chaque produit a donc sa pondération. L'incidence de la variation du prix d'un produit sur l'IPCH dépend du montant moyen que les ménages dépensent pour ce produit.
Ainsi, le café ne représente que 0,4% et donc la variation de son prix aura une répercussion faible sur l'IPCH global. Contrairement aux carburants où la pondération est de 4,6% soit une variation de prix aura une incidence dix fois plus importante sur l'IPCH.
Ainsi la BCE peut prendre les bonnes décisions pour maintenir la stabilité des prix, en suivant de près l'évolution des prix dans l'économie. Il faut donc que l'inflation (=variation des prix) reste faible, stable et prévisible à un taux de 2% à moyen terme.
B. Calculs
Chaque mois, les enquêteurs relèvent 1,8 million de prix dans plus de 200 000 points de vente, dans près de 1600 moyennes et grandes villes de la zone euro sur 700 biens et services représentatifs dans chaque pays.
Puis les groupes de produits sont pondérés selon leur poids dans le budget moyen des ménages. Pour que l'indice soit pertinent, les pondérations sont révisées à intervalles réguliers selon les modifications des habitudes de consommation. Les pondérations sont des moyennes nationales qui reflètent les dépenses de toutes les catégories de consommation. Puis la pondération est calculée en fonction des parts respectives des pays dans le total des dépenses de consommation de la zone euro.
À ces chiffres sont rajoutés les coûts de propriété pour mieux comprendre les variations des prix dans l'économie.
Chaque institut national de la statistique calcule leur IPCH national qu'il transmet à Eurostat, l'Office statistique de l'UE.
Voici un exemple du calcul de l'inflation :
II. Les causes de l'inflation
Selon le Pr Raymond Barre, définir pourquoi il y a l'inflation est difficile, car peut avoir plusieurs causes séparées ou combinées.
A. Excès de masse monétaire
C'est une inflation monétaire due à l'augmentation de la masse monétaire en circulation en excès par rapport à la quantité de biens dans le circuit économique comme en 1923 avec l'hyperinflation de la République de Weimar. De nos jours, la monnaie est plus souvent "une condition permissive" que la cause de l'inflation.
B. Déséquilibre entre la demande et l'offre
C'est une inflation due à une forte demande d'un produit ou d'un service qui excède l'offre soit ce que peuvent produire ou fournir les producteurs. Ce qui conduit à l'augmentation des prix.
C. Inflation importée
C'est lorsque l'augmentation des prix des biens importés (matières premières, biens semi-finis ou produits finis) entraîne des hausses de coûts.
D. Inflation par les coûts
C'est lorsqu'un élément essentiel des coûts augmente, comme les salaires, plus vite que la productivité ou que les matières premières augmentent. De ce fait, la hausse des coûts se répercute sur les prix de revient donc les prix de vente et donc la hausse des prix.
E. Inflation structurelle
C'est la structure même des marchés qui font augmenter les prix, notamment les prix imparfaits dus à des prix fixés par les pouvoirs publics, politiques ou des entreprises qui souhaitent garder un minimum de marge que par véritable valeur commerciale du produit.
De plus, cela peut être amplifié brutalement par des phénomènes psychologiques :
Ø Spirale inflationniste : lorsqu'un prix augmente, les autres suivent avec rétroaction du retard. C'est un cercle vicieux.
Ø Dispositions d'indexation : effet de liens entre les prix de différents biens et services qui vont répercuter et transférer le phénomène de hausse vers des secteurs non concernés à l'origine.
Ø Panique monétaire : la valeur de la monnaie vient de la confiance des utilisateurs. Si ces derniers pensent qu'elle va perdre de la valeur, ils voudront l'échanger contre des biens ou des devises étrangères entraînant forcément une chute des marchés, la hausse des prix des produits importés qui entraîne le cercle vicieux de l'inflation en confortant les utilisateurs dans leur anticipation et donc la renforcera.
III. Les conséquences de l'inflation
Une inflation modérée peut être bénéfique sur la croissance via les investissements. Au contraire d'une inflation forte qui compromet la croissance, l'emploi et la compétitivité à cause de la hausse des prix nationaux.
Les entités qui sont pénalisées : créanciers non prévoyants, détenteurs de monnaie, exportateurs et leurs fournisseurs, victimes de l'illusion monétaire (mal-investissement…).
Les entités qui sont favorisées : débiteurs, créditeurs prévoyants, détenteurs d'actifs, détenteurs de stocks, importateurs et leurs clients.
L'inflation a un impact relativement neutre sur les détenteurs de revenus indexés sur l'inflation et les créditeurs bien protégés.
Du coup, elle entraîne des adaptations :
Ø Pression pour favoriser l'indexation des revenus sur l'inflation.
Ø Endettement en hausse.
Ø Incitation à l'investissement sur actifs et crédits.
Ø Hausse préventive (prix, loyers, taux de crédits…).
Ø Révision des anticipations (nombre croissant qui va agir pour se prémunir de l'inflation).