Dans le sens commun, la sensibilité est "l’aptitude à s'émouvoir, à éprouver des sentiments d'humanité, de compassion, de tendresse pour autrui". En littérature, la sensibilité s’exprime au travers du romantisme. Ce mouvement est apparu suite à la Révolution française de 1789. Ce mouvement met au cœur les sentiments amoureux, moraux de l’être humain ainsi que ses pensées et son expérience personnelle.

Il est alors possible de se demander : comment l’auteur décrit-il le monde qui l’entoure en fonction de sa sensibilité ? Comment l’auteur exprime-t-il sa sensibilité ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’étudier d’une part, l’expression de la sensibilité par le romantisme (I) et d’autre part, l’expression de la sensibilité par la conscience (II).

Vous trouverez également des pistes de réflexion dans les documents suivants :

La recherche de soi - les expressions de la sensibilité

La Critique de la faculté de juger - Emmanuel Kant (1790) : synthèse



I - L’expression de la sensibilité par le romantisme

A - Le romantisme

La passion peut se définir comme une émotion intense qu'un individu peut ressentir pour un autre (ou un objet). Cette émotion est omniprésente dans les pensées de celui ou celle qui la ressent. Il ne peut s'en détacher.

La première personne du singulier est utilisée par les auteurs pré-romantiques afin que les émotions soient plus facilement exprimables. À titre d'illustration le roman : Les Souffrances du jeune Werther de Goethe de 1174 aurait conduit plusieurs jeunes européens au suicide à cause des émotions exacerbées de cette œuvre. Dans l’extrait, « Oh ! Quel feu court dans toutes mes veines lorsque par hasard mon doigt touche le sien, lorsque nos pieds se rencontrent sous la table ! Je me retire comme du feu ; mais une force secrète m’attire de nouveau ; il me prend un vertige, le trouble est dans tous mes sens », l’utilisation du mot « feu » est une métaphore pour designer l’amour. Les sentiments se heurtent. En effet, le jeune Werther éprouve une « torture » alors qu’il est amoureux et ce sentiment amoureux se réfère à un « trouble (qui va) dans tous les sens ».

Rousseau est l'un des premiers en France à avoir mis en lumière la sensibilité au cœur de ses œuvres. Par exemple, dans Les Rêveries du promeneur solitaire en 1792, il décrit le paysage qui prend une grande place dans le récit. Si la nature représente le miroir de l'âme des personnages, la rêverie représente l'expression des sentiments. Dans l’œuvre « Cinquième promenade », Rousseau décrit la vue du lac : « le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeait dans une rêverie délicieuse ». Cette vue lui fait ressentir une sorte de paix de l’âme.

Le romantisme peut se définir comme un mouvement littéraire et artistique apparu au XIXème siècle. L’auteur y exprime des états d’âme : sentiments, émotions. L’auteur romantique cherche ressentir ce que l’autre ressent par l’expression de ses sentiments. On parle alors de sentiments moraux.

Les sentiments moraux peuvent se définir comme un « principe d’intérêt pour ce qui arrive aux autres » ou la « faculté de partager les passions des autres quelles qu'elles soient » selon le philosophe Adam Smith.

L’auteur romantique est parfois caractérisé de personne mélancolique exprimant son « mal-être » qui a donné l’expression « mal du siècle ».

Le « mal du siècle » peut se définir comme la souffrance ressentie par toute une génération du XIXème siècle.

La mélancolie est une tristesse profonde n’ayant pas de raison particulière mais occupant toutes les pensées de la personne qui la ressent.

B - Les caractéristiques du héros romantique

Le héros romantique est un être tourmenté. Il est le reflet de l’auteur romantique, une personne torturée par ses sentiments et le monde qui l’entoure. Il exprime alors sa détresse.

C’est un être tourmenté, isolé, exalté dont le destin est confus.

C - L’intérêt pour la nature

Au sein du mouvement romantique, la nature est au cœur du récit. Elle représente le miroir des l’âme de l’individu. Elle l’invite à la réflexion sur le temps qui passe. Par exemple, dans l’ouvrage Critique de la faculté de juger d’Emmanuel Kant de 1790, l’auteur ressent et décrit la nature comme étant vertigineuse, infinie et sublime.

II - L’expression de la sensibilité par la conscience

A - La conscience artistique

La sensibilité de l’homme est innée. Elle fait partie de lui dans la mesure où il est le seul à avoir conscience du « moi ». La conscience artistique est l’expression de la sensibilité humaine. Autrement dit, il s’agit de l’appréciation personnelle que chaque personne a face à une œuvre d’art.

Selon plusieurs philosophes, l’expression du « moi » est uniquement exprimé par l’homme car il est le seul a en avoir conscience. En effet, il est capable de dire « je », de penser par lui-même et d’exprimer ses sentiments et émotions au travail de sa sensibilité esthétique dans la création artistique que l’homme accède à la conscience. Il existe diverses manières d’exprimer la conscience de soi. Par exemple, dans l’œuvre Esthétique de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, l’homme conscient est à la recherche de la compréhension de ses sentiments et de ses sentiments. Il est alors à l’écoute.

En somme, selon certains écrivains tel que Bergson, tous les êtres humains n’ont pas la même sensibilité face à l’art. En effet, le ressenti et donc la sensibilité face à une œuvre d’art est personnelle, intime et subjective.

B - L’expérience spirituelle

L’expérience spirituelle se définit par « l’expérience individuelle propre à chaque homme. On parle alors d’expérience métaphysique consciente ou inconsciente ».

La métaphysique est la « connaissance de ce qui existe au-delà du monde visible, en dehors de l’expérience du sensible que l’on peut faire ».

Par exemple, selon l’auteur William James, le « moi subconscient » s’immisce dans les désirs, les rêves et les souvenirs et c’est dans cet espace du moi que se crée un sentiment qui fait naître l’au-delà.

C - L’analyse de la conscience humaine

Les émotions et les sentiments ont évolués au cours des siècles. Plusieurs travaux et plus particulièrement psychanalystes de Freud dont la spécialité est l’interprétation des rêves associés à des idées. Si la conscience humaine fait l’objet de plusieurs analyses c’est parce que c’est uniquement elle qui permet de donner un sens à la vie, un sens à l’existence humaine. La psychanalyse entretient un lien particulier avec la philosophie, la littérature et l’art.

La conscience humaine peut s’analyser au travers du journal intime ou du monologue intérieur.

Par exemple, dans l’extrait des Vagues : « Je déteste le petit miroir de l’escalier. Il ne reflète que nos têtes, il nous décapite, et ma bouche est trop grande, mes yeux sont trop rapprochés » de Virginia Woolf, le personnage principal perçoit si ce n’est compare le monde à sa beauté physique. C’est pourquoi, elle utilise le reflet du « miroir » comme symbole.

De même dans l’extrait de Jean-Paul Sartre, La Nausée : « Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine (...). Et puis eu cette illumination. Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n’avais pressenti ce que voulait dire « exister ». Le narrateur a une illumination et son lien avec le monde évolue. En effet, il ne ressent plus de frontière entre le « moi » et le monde qui l’entoure.

La Nausée - Jean-Paul Sartre (1938) - Comment Antoine Roquetin incarne-t-il la philosophie de l'action dans la contingence existentielle de Sartre ?